OPEL VECTRA B : JUSQU’AU BOUT DE L’ENNUI…

Septembre 1995, première et dernière de couv’ de l’argumentaire Réseau, qui mettait en exergue les fameux rétroviseurs intégrés dans la continuité du capot, seul détail stylistique marquant d’une auto assez moderne mais profondément banale (collection personnelle)
La Vectra, « grâce » au sketch d’Elie Semoun, partage avec la Xantia de Caméra Café une place assez peu enviable dans l’imaginaire collectif automobile des berlines des années 90 (bien que la Française commence, à juste titre, sa rédemption). C’est oublier un peu vite que la Vectra B est la dernière Opel du segment M2 à avoir eu un certain succès commercial et que, même s’il s’inspirait -très- fortement de celui de sa prédécesseuse Vectra A, son design paraissait relativement moderne à son lancement. Je me souviens encore lors de mon premier entretien d’embauche chez Opel France avoir vanté le design de la Marque : Calibra, Tigra, Corsa… et les rétroviseurs intégrés de la Vectra B ! (sortis 1 an avant ceux de l’Espace 3). Et finalement… j’en ai eu 5 !
Après le sacrifice (accidentel et non rituel) de ma 205 GTI 1.9, je suis resté un bon moment sans voiture personnelle. En effet, suite à mon recrutement chez Opel France en 1997, je savais que j’aurais droit aux offres au personnel au bout d’un an d’ancienneté, et je n’allais par conséquent pas acheter un véhicule pour devoir le revendre au bout de 8 mois… Je me suis alors débrouillé en temporisant ; mes amis de l’époque me dépannant généreusement, en me prêtant qui sa 104 de 1980 ( ! ), qui sa Clio datant du lancement.
C’est donc avec une impatience certaine que j’attendais le grand jour du retour à meilleure fortune automobile. Pour minimiser le délai, j’ai dû choisir sur stock, ce qui limita les possibilités d’autant plus que, déjà peu appétant au diesel ainsi qu’aux autos dépassées niveau châssis -Corsa B- ou mode -Astra F-, je cherchais ce que je pouvais obtenir de plus puissant dans la grille de location longue durée interne (certaines versions, dont les V6, en étant exclues pour des raisons évidentes de revente, de même que Tigra pourtant idéale pour mon besoin et Calibra).
Du coup, le tour du stock fut très vite fait, et en cette toute fin d’année 1997, je récupérais -enfin !- une somptueuse Vectra B, 4 portes, finition CD, 2.0i 16V 136 ch s’il vous plaît, en couleur Bleu Premium, une espèce de bleu lavande ni vraiment moche ni surtout moderne. Vous ne rêvez pas, ce fut ma première voiture neuve ! Oui, on ne peut pas vraiment dire qu’elle collait avec mes 26 printemps…

Une vraie voiture de « djeuns » identique à celle-ci, à 26 ans fin 1997 ! Idéale pour aller cruiser rue Oberkampf… (source : drive2.ru)
J’eus rapidement l’occasion de descendre dans « mon » Sud-Ouest avec. « Fier comme un bar-tabac » comme aurait dit notre regretté philosophe Coluche, enivré par l’odeur du neuf « à moi », grisé par la conscience d’avoir progressé de 2 segments par rapport à mon destrier précédent… par contre je partis, en vain, à la recherche des chevaux disparus. Et de leur régime alimentaire. Où étaient donc passés les 6 canassons supplémentaires par rapport à la 205 GTI ? Bien trop occupés à essayer de sauver leurs collègues suffoquant eux aussi sous les kilos ? Il faut dire que la Vectra CD était fidèle à la politique généreuse d’Opel en matière d’équipement : 4 airbags, clim auto… et qu’on n’était pas du tout dans le même segment que la 205, d’où la surcharge pondérale. Certes, je m’y attendais, mais pas à ce point !
Au rayon des récriminations, mentionnons aussi le tableau de bord sans grâce aucune avec notamment son compte-tours « quart de brie » et son « fouet à mayonnaise » (surnom perso) hideux pour le réglage en hauteur du volant. Mais encore des garnissages et harmonies intérieures allant du déprimant (la majorité) au criard de mauvais goût (la série spéciale Cool Line). Citons enfin une habitabilité intérieure en net retrait sur la concurrence, ne faisant d’ailleurs que confirmer ce que l’extérieur laissait pressentir : une familiale engoncée.
Auto sans histoire et sans histoires, rendue 6 mois plus tard. Et il y en eut 4 de plus par la suite ! Il me fallut d’abord trouver une auto en urgence (donc sur stock) suite au crash de mon Astra. Ce fut la même configuration moteur / finition que la première à l’exception capitale que c’était un break, bien plus réussi niveau design à défaut d’être beaucoup plus volumique, et en gris alu. En dehors d’une vitre vandalisée sur la Costa Brava, le souvenir principal attaché à cette auto reste en 1999 notre première édition commune des 24 Heures du Mans avec ma compagne et future épouse. Nous avons passé la nuit de samedi à dimanche dans la voiture ; non seulement il faisait froid et jour tôt, mais cela confirma désespérément son manque d’habitabilité. Suite à cette nuit à la dure, l’intéressée était quand même OK pour m’accompagner à nouveau… mais à la condition non négociable de dormir sous un vrai toit ! Ce qui sera toujours le cas par la suite.

Nuit des 24 Heures du Mans 1999, dans la bonne humeur et le Break Vectra… une fois mais pas deux ! (collection personnelle)
Un peu plus tard, j’ai eu 2 autres Vectra Break (toujours en 2.0 16V et Gris Alu) dans les rares finitions CDi puis Sport, en voiture de service pour tourner sur le « Field ». Pas désagréable dans son concept de base, cette intention Produit était curieuse dans son exécution, car il n’était question que de flacon et non d’ivresse… Le second break Sport reçut de timides évolutions Produit (dont les xénons, encore peu répandus à l’époque, et un hideux volant 3 branches) par rapport au premier, et, « last but not least », était censé disposer d’un peu plus de couple pour une puissance équivalente (2.0 16V Phase 2). Eh bien, comment dire… il n’y avait même pas d’effet placebo !
Cette voiture s’est tellement peu vendue dans cette configuration moteur / finition que si par le plus grand des hasards j’en retrouvais une conforme en VO aujourd’hui, il y aurait des chances que ce soit une de mes anciennes « persos », c’est dire…

La Vectra B tenta elle aussi de surfer sur la tendance du moment du Break « dévergondé » avec la CDi puis la Sport.
Une « licorne » bricolée sur étagère qui n’apportait pas grand chose de différenciant. (catalogues 1999 puis 2001, collection personnelle)
La dernière fut également ma dernière voiture de service, une 2.2 DTI 16V Executive GPS 5 portes (franchement mieux esthétiquement dans sa version facelift), d’un beau Bleu Pétrole. Avec ses -hélas sonores- 125 ch, le moteur marchait très bien, et c’était une des premières autos de généralistes à proposer un GPS en série. Alors bon, la taille de l’écran et son graphisme susciteraient aujourd’hui l’hilarité, mais il faisait déjà très bien le job ! Nous l’avions notamment testé lors d’une virée en (belle-) famille au milieu des vignes bourguignonnes, et il nous avait bluffés par sa capacité à trouver des petits chemins qui n’auraient sans doute pas été recensés sur une carte routière traditionnelle, encore largement répandue à cette époque. L’essayer, c’était l’adopter !

Certes, par rapport aux standards actuels, l’écran paraît sous-dimensionné avec des graphismes antédiluviens (bien qu’en couleur),
mais on n’est qu’en 2001 et on a oublié la révolution que cela apportait à l’époque !
Notez au passage le « décor » en ronce de plastiquier véritable… (collection personnelle)
Si vous me lisez toujours à ce stade sans être tombé dans les bras de Morphée, je vous félicite pour votre patience et votre abnégation ! En même temps je ne vous ai pas pris en traître : l’info majeure figure dès le titre de l’article. Au demeurant, la Vectra B était une honnête proposition dans le segment M2 de son époque, en retrait sur la plupart des prestations dynamiques et sur l’habitabilité, mais bien équipée et pricée en-dessous de la concurrence française et Passat, plus en ligne avec la Mondeo et l’Avensis. Elle a assez naturellement connu une carrière commerciale correcte… même si par la suite elle a dû coûter assez cher en garantie au Constructeur !

Epreuves de travail de catalogues 1996 et 1997, en phase d’adaptation de la version centrale en version locale.
Tiens, saviez-vous que les toutes premières Vectra Diesel 100 ch ont été badgées « TDI » ?
Dénomination très vite corrigée en « DTI » suite à la menace de procès de VAG… (collection personnelle)
Ah la Vectra, je me souviens d’avoir eu l’honneur d’en faire le catalogue et d’ailleurs sur les photos, c’est mon écriture !!!
Eh oui, c’est d’ailleurs toi qui me les avais donnés !
C’est marrant de « sortir » les dossiers presque 30 ans après… :-)))