PEUGEOT 205 GTI : Un sacré numéro… d’emm**ents ! (Partie 2)

Le seul cliché que j’ai jamais eu de cette auto. Vu ce qu’il m’a coûté, le photographe aurait pu faire un effort sur la qualité !
(collection personnelle)

 

Le succès phénoménal de la 205 n’a pas tenu qu’aux indéniables qualités intrinsèques de la voiture, il est aussi dû à une stratégie Marketing efficace, dont une politique Produit ratissant le maximum de sous-segments. La GTI 1.9 en est une bonne illustration. Mettre un gros moteur dans une caisse compacte et légère n’était pas une première (cf Ritmo) mais la 205 aboutissait à un résultat homogène, devenu très vite « la » GTI à avoir. Même si en 1992 elle se vendait plus en VO qu’en VN, je ne pouvais pas passer au travers du phénomène. Sachant que j’avais enfin compris l’utilité du troisième tiers (celui du compte-tours, pas des impôts), on allait voir ce qu’on allait voir…

Ayant délibérément, par tempérament et par portefeuille, choisi de vendre la précédente avant d’acheter la suivante, je me suis retrouvé piéton pendant plusieurs semaines après avoir vendu la 105 ch. Comme je le disais précédemment, internet étant encore loin d’exister, le sourcing se basait sur la presse gratuite locale, car j’excluais d’aller « chasser » au-delà de la région toulousaine. Cette introduction a son importance pour expliquer comment, surtout à 21 ans, la vigilance peut être inversement proportionnelle à l’impatience…

La couverture du catalogue (tiré à part) de lancement de la GTI 1.9. Vous noterez les différences entre la version FR et la version UK… (collection personnelle)

Mon cahier des charges, à partir d’une diversité industrielle très réduite, était simple. Teinte extér pour commencer : blanc déjà eu et qui m’avait laissé un souvenir mitigé, rouge trop voyant, gris alu fade, restaient Noir Onyx et Gris Graphite (plus élégant et métallisé). Toit ouvrant, pour la luminosité, et pour le confort thermique dans le sud-ouest (n’oublions pas qu’à cette époque la clim était exceptionnelle). Et si possible une AM88 pour le nouveau tableau de bord plus moderne.

La GTI 1.9 a existé pendant le seul millésime 87 avec le 1er tableau de bord (à gauche).
Dès le millésime 88, donc la mienne, elle a reçu le nouveau modernisé (à droite) (collection personnelle)

Après avoir épluché plusieurs dizaines d’annonces, se présente la candidate parfaite, que, cerise sur le gâteau, son propriétaire viendra même me présenter à mon domicile. Gris Graphite, AM88, TO, propre. 35 000 F négociés à 33 500, ça rentre dans mon budget. 87 000 km, c’est sensiblement moins que la fameuse barre psychologique des 100 000… Dossier d’entretien ? Avec le plus grand naturel du monde, mon vendeur (qui se présente comme agent d’assurances) me dit qu’il s’est fait casser la vitre récemment et qu’on lui a volé toutes les factures, qui étaient dans la boîte à gants. Toutes y compris carnet d’entretien, à l’exception d’une facture récente pour une bricole en centre auto. Et vous savez quoi ? Même sans facture de remplacement de la vitre, je gobe l’histoire. Plus c’est gros plus ça passe ! Quand je vous dis que ma vigilance était émoussée…

Je signe donc et récupère l’auto. A cette époque, les assureurs n’avaient pas encore (mais plus pour très longtemps) les GTI dans le collimateur, et la pourtant très pudibonde (avec les voitures « puissantes ») Filia MAIF n’avait rien trouvé à y redire. Les premières semaines se passent sur un petit nuage. J’ai exactement l’auto que je veux, elle est belle et elle marche bien. Néanmoins, un défaut mineur me conduit à l’amener dans le Réseau Peugeot, et là commence la douche froide. On me fait un inventaire assez impressionnant -voire consternant- des travaux à prévoir. A ce stade, je ne doute toujours pas de l’honnêteté de mon vendeur et du fait qu’il me l’ait vendue dans un état « normal ». Néanmoins, je vais vite déchanter. Au cours des 4 ans et demi de possession et un peu plus de 50 000 km, je vais plus que doubler son prix d’achat avec 36 000 F de factures ! Toutes les pièces d’usure (pneus, freinage, cardans… distri ? je ne sais plus mais je pense) vont y passer, certaines plusieurs fois, avec quelques cadeaux bonus. Ça commencera avec le collecteur d’échappement qui a une fuite… En fait un goujon s’est cassé dans la culasse, ils seront obligés de retarauder (si je me souviens bien) pour arriver à l’avoir mais ils me disent qu’on n’est pas passé loin de la catastrophe… Puis, entre autres joyeusetés, le radiateur de chauffage intérieur suivra (ce qui rétablira une ambiance olfactive neutre), et les années m’en ont fait oublier bien d’autres…

Pour être objectif, elle est passée suffisamment souvent par l’atelier (Réseau officiel à quasi 100%) pour que, si un doute avait été fondé quant à un kilométrage trafiqué ou un accident avec marbre mal réparé (et non dit), il m’ait été signalé. Ce qui ne fut jamais le cas. C’est juste que l’entretien avait été négligé et que le kilométrage devenait critique à ce niveau.

1983, lancement de la 205 et du numéro « 2zéro5 » de cette revue interne.
A cette époque où internet n’existerait pas avant longtemps, les publications papier foisonnaient. Chaque entité avait son « totem », et la Direction Commerciale Europe et Amérique du Nord (!) n’y faisait pas exception. (collection personnelle)

Bon, niveau budget, retour sur terre et acquisition d’expérience pour le futur même si je ne rachèterai pas de « vrai » VO avant longtemps. Quant à la mécanique, je tombe un jour sur une pub dans une revue spécialisée, faite par une PME du sud de la France dont je me demande bien ce qu’elle devenue depuis, et qui promet un gain de 10 à 15 ch par modification du boîtier électronique. Le prix n’est pas démesuré… je me laisse tenter. C’est un peu contraignant : je dois d’abord démonter le boitier situé dans la boite à gants puis trouver quelqu’un qui ait la compétence de souder le composant qu’ils m’ont envoyé entretemps. Je m’en débrouille, et là, déception : non seulement l’auto ne me semble rien avoir gagné en puissance, mais en plus je trouve le fonctionnement du moteur moins linéaire. J’appelle ORECA (puisque c’est eux dont il s’agit), qui me demande de leur envoyer le boitier pour examen. Retour 2 semaines plus tard : RAS pour eux. Frustré, je garderai le défaut jusqu’à la fin, avec des trous à l’accélération vers 4 000 / 5 000 tr / min et des déflagrations à l’échappement au lever de pied.

Le discours de lancement du Directeur de ce qui deviendra longtemps après la DEXP. (collection personnelle)

1992, c’est aussi la naissance du permis à points avec un premier serrage de vis. Suite à ma toute première interception pour vitesse, j’adopte alors une CB President et surtout une magnifique antenne « fouet » (verticale) de… 1,20 m qui, en plus de donner un look particulier à l’auto, oblige à conduire en permanence comme si on avait des vélos sur le toit. « Plus l’antenne est longue, meilleure est la réception ! » m’avait dit le vendeur ; je finirai par la remplacer 2 ans plus tard par une beaucoup plus courte et inclinable. A moi du coup les joies des « papa22 », de la « tirelire » et des « boites à images » ! En 4 ans, le bilan d’utilisation a été plus que mitigé. Je ne roulais sans doute pas assez. Je pense avoir été prévenu en tout et pour tout d’un seul radar, alors que j’ai dû me taper des heures et des heures de conversations sans queue ni tête, ou (pire encore?) de crachouillis du canal 19. Une autre époque.

Du reste, cela n’empêchera pas la magnifique photo souvenir qui illustre la tête de cet article, prise en 1996 avenue Charles de Gaulle à Neuilly-sur-Seine, au beau milieu de la nuit du samedi au dimanche, avec un score de 103 km/h (vitesse retenue 97 km/h) au lieu de 50 km/h… Bon, remarquez, ça aurait pu être pire ; pendant des années, je croisais fréquemment à 180 km/h sur l’A62, à une époque où les radars étaient à la fois bien peu nombreux et facilement prédictibles niveau emplacement. Il m’arrive encore d’en frémir rétrospectivement : vu la sécurité passive de l’auto, en cas de souci à cette vitesse, il aurait été possible que je ne sois plus là pour vous narrer mes exploits…

Entre Monaco et Mulhouse, le déroulé n’est pas très clair, mais ce qui est sûr c’est qu’il y avait des moyens ! (collection personnelle)

Bon, et le produit, me direz-vous ? Tout d’abord, en 92 et dans les années qui ont suivi, elle avait encore de beaux restes niveau look, ce qui me l’avait d’ailleurs fait préférer à sa sœur 309. Le moteur marchait bien, surtout en étant entretenu dans les règles de l’art et avant d’avoir été modifié… Le confort était conforme à ce qu’on pouvait attendre à cette époque et à mon âge. C’était agile sur petite route.

Mais… il y avait des mais. Ça mangeait du frein et du pneu. La réputation de hoquet à bas régime en ville n’était pas usurpée (et il n’y avait rien à y faire). A cause des pneus larges, la direction non assistée transformait n’importe quelle manœuvre en épreuve de force. Et surtout… le train AR qui décroche au lever de pied en survitesse (?) en courbe sans crier gare. Je l’ai déjà dit, je n’ai aucune formation de pilotage, et je me suis fait avoir plusieurs fois par cette garce (slogan pub au demeurant), avec des avertissements (presque) sans frais.

Je m’en souviens de 2 en particulier (sur le sec) : un dimanche matin à l’aube sur le fil d’Ariane dans l’ouest de Toulouse, entrée trop optimiste en courbe rapide qui se resserre, lever de pied, 360 direct, et le museau qui s’arrête à la perpendiculaire et à 30 cm du mur de droite. Rien de plus qu’une aile enfoncée par un plot de voie d’accélération qui avait le malheur d’être là, et une bonne frayeur. La seconde fois était surtout vexante. Je me retrouve, seul à bord, sur l’avenue de la Grande Armée (oui, juste en face du Siège de Peugeot !), un samedi soir (très) tard. Arrive à mon niveau au feu rouge une 205 GTI 1.9 identique à la mienne. Nos regards se croisent. Allez, gaz ! Nous arrivons au rond-point de la Porte Maillot. Celui qui lève le pied est un lâche ! Ben… ça a été moi. Mon concurrent a filé sur Neuilly sans souci, peut-être grâce -et paradoxalement- à ses 3 passager(e)s qui alourdissaient mais devaient mieux charger l’auto et son train AR. Quant à moi, je me suis retrouvé à taper à la perpendiculaire la (haute) bordure du rond-point après avoir fait un magnifique holiday on ice sur sa moitié. Bilan : 1 pneu (donc 2), et mon amour-propre.

Même revue 2 mois plus tard pour faire un premier bilan des opérations de lancement. Hélicoptère, grue, chapiteau…
les gros moyens étaient de sortie en région ! (collection personnelle)

Sa carrière se finira tristement pendant l’hiver 96 / 97 par mon premier et seul à ce jour accident responsable. Un samedi soir, en rentrant comme d’habitude de la rue Oberkampf, à l’approche de la place de la Nation, je décidai, au dernier moment, en approche d’un feu au rouge et en opposition au code la route, d’un dépassement par la droite et en accélération qui me réserva une mauvaise surprise sous la forme de la présence immédiate et non anticipée d’une Ford Escort Break immobilisée sur la voie que je commençais à emprunter. Le choc fut assez conséquent, heureusement sans aucun dégât humain de part et d’autre, mais suffisant pour envoyer les 2 autos à la casse. La mienne me fut bien remboursée, tenant compte de l’entretien en or massif dont elle avait bénéficié, factures à l’appui (pas comme mon vendeur). Le malus fut un autre sujet, puisque je n’eus plus à m’assurer par moi-même pendant plusieurs années par la grâce des « company cars ». Il faut hélas que jeunesse se passe… tant que ce n’est que de la tôle.

2023, Sao Tomé. Une cousine pas très fraiche… Admirez les barres de toit SUV de fabrication locale ! (collection personnelle)

Voilà un assez bon tour d’horizon des différentes aventures et mésaventures vécues avec mes 2 205 GTI. Oui, je sais, comme tout « jeune qui débute », j’ai serré les budgets, et j’en ai eu pour mon argent. En ce qui concerne la 1.9, sur laquelle j’ai plus de recul, je retiens surtout son budget d’entretien (et de remise en état), et son train AR volage, à cause duquel je n’ai jamais eu l’esprit tranquille à 100% pour l’exploiter.

Croyez-le ou non, je ne fais pas partie des anciens propriétaires nostalgiques qui sont prêts aujourd’hui à mettre des fortunes pour retrouver leur madeleine de Proust. Pour la gamme 205, elle a beaucoup fait. Pour moi, c’est sans regret, contrairement à d’autres.

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