COMMENT FAIRE… POUR TRAVAILLER DANS L’AUTOMOBILE ? (PARTIE 1)

Je ne l’ai jamais trouvée très inspirée… mais c’est la seule sport-proto que j’aie jamais dessinée (collection personnelle)
Travailler dans l’automobile a toujours été mon rêve, mais arriver à le concrétiser a été loin d’être simple… et la route n’a pas franchement été droite. Mais ça en valait le coup ! (enfin… en général)
Personne n’a jamais su d’où a bien pu venir ma passion pour l’automobile. A l’école primaire, déjà, je différenciais et reconnaissais les voitures dans la rue, en plus de commencer à me passionner pour les 24 Heures du Mans. A peine passé au collège, au début des années 80, je me suis mis à faire le mur pendant les heures d’étude pour aller chasser les catalogues publicitaires dans les Concessions rambolitaines du coin. Et tout aussi rapidement, le goût du dessin me vient. Je crée des dizaines de modèles jusqu’au lycée. Une vraie gamme virtuelle, déclinée par segments, par carrosserie… avec une inspiration comme ligne directrice : l’Aston Martin Lagonda de 1976, sa carrosserie cunéiforme et ses phares escamotables, restée pour moi une Muse du design depuis lors.

Celle par laquelle, en toute simplicité, tout ou presque a commencé…
Je l’aurai, un jour, je l’aurai ! (source : astonmartin.com)

1989. Ma gamme « AT » (« A » pour « Automobiles », « T » pour mon nom de famile) fait le grand écart, du segment B (avec 2 propositions, une moderne illustrée ici, et une classique en bicorps et demi !) au segment H en passant par les breaks, les VU… (collection personnelle)

…mon goût pour le segment H et au-dessus est bien entendu largement exacerbé… (collection personnelle)

… et, déjà grand amateur de véhicules lourds, il y avait aussi une gamme de PL (cabine avancée et à capot) et une gamme de cars !
(collection personnelle)
Après avoir passé des centaines d’heures à dessiner, il me faut cependant me rendre à l’évidence : je ne deviendrai jamais styliste, tout au moins tant que je serai incapable de passer de la 2D à la 3D. Je pense donc tout de suite après à ce qui me semble être une évidence, une voie royale, devenir Ingénieur. Ma mésentente de plus en plus prononcée avec les matières scientifiques aura vite raison de cette utopie, tout comme elle aura la peau d’une prépa HEC post-Bac et donc d’une Ecole de Commerce. Le pragmatisme et les conseils avisés de mon (regretté) professeur d’Economie de Lycée m’orientent vers l’IEP Toulouse, sans doute ce qui était le plus en rapport avec mes capacités et mes appétences, mais pas franchement la formation la plus réputée pour « faire » de l’automobile par la suite. Cela n’échappera d’ailleurs pas à Alain Delean, PDG de Ford France, que je rencontre en 1989 (ma 2ème année de Sciences Po) à l’occasion de la remise officielle de ma Sierra Cosworth 4×4 gagnée à un concours (je vous en reparlerai). Je saisis la chance de lui parler avec sincérité et espoir de mon projet mais, fidèle à lui-même, il me lâche aussi sec avec dédain et brutalité : « Pfff ! Vous devriez faire une Ecole de Commerce ! » avant de me tourner le dos sans autre forme de procès. Le ton est donné.
Je poursuis néanmoins mon petit bonhomme de chemin. En 3ème année d’IEP, je fais mon mémoire sur… la publicité automobile, un sujet qui me passionne. J’y consacre une grande partie de mon temps au détriment des autres matières, mais cet ouvrage fleuve, qui a bénéficié des apports et du temps d’un Cadre du service Pub de Peugeot, sera récompensé par une note excellente. Par la suite, je m’oriente, par des DESS à l’IAE de Toulouse, vers le monde de l’entreprise et j’acquiers la conviction que ma voie sera le Marketing (au sens large).
Une fois ce cycle initial d’étude achevé, ainsi que mon Service National civil, vient le moment de plonger dans le grand bain. De prime abord, mon profil de passionné semble accrocher : entretiens aux Sièges parisiens de Peugeot, Renault, Citroën… chez qui mon interlocutrice chevronnée teste ma candeur en direct en me demandant très sérieusement si je serais preneur d’une voiture de fonction… Oh bah oui, même si je ne m’attendais pas à la question et que je n’y ai pas réfléchi… « Pourquoi pas ? » réponds-je tout aussi sérieusement. Des années après, j’en souris encore !…
Bon, dans ces 3 cas, la réponse est la même : négative, assortie du même commentaire : « Vous avez un profil intéressant, dommage que vous n’ayez pas fait une Ecole de Commerce. Commencez par faire vos preuves ailleurs puis revenez nous voir… »
Il y a aussi Mercedes Benz Financement, qui me propose un poste de Chef de Secteur -avec une C200 de service, pour le coup-, que je refuse (trop éloigné du Produit auto) et sur lequel je positionne un ami de l’époque, qui y sera embauché (sa brève expérience me confirmera rapidement que j’ai bien fait de passer mon chemin). Il y a aussi Michelin, qui fait les choses bien : après le 1er entretien, convocation pour une journée entière d’entretiens diversifiés à Clermont Ferrand avec défraiement (hôtel notamment). Là aussi pour un poste de Chef de Secteur, pneus Poids Lourds. Là encore trop éloigné du Produit auto ; je ne donne finalement pas suite après la journée test.
Même si j’ai fait une campagne de candidatures spontanées exhaustive chez les Constructeurs et Importateurs auto, les entretiens se tarissent là et il faut bien se rendre à l’évidence : c’est l’impasse. On est en 1995, le marché de l’emploi porte encore les stigmates de la récession des années précédentes, plus encore pour les Cadres, et plus encore pour les jeunes diplômés. Il va falloir imaginer une suite de parcours alternative et créative… ou renoncer. Et ça, jamais !