COMMENT FAIRE… POUR TRAVAILLER DANS L’AUTOMOBILE ? (PARTIE 2)

L’A8 fait incontestablement partie des souvenirs marquants de mon stage chez Audi France, notamment dans cette configuration identique extérieurement à celle que j’ai rodée pendant un week-end (source : Audi)
Après une première tentative infructueuse pour rentrer dans l’automobile, et alors que l’horizon est bouché, c’est une autre de mes passions, celle pour la musique électronique, qui va contribuer à relancer les dés du Destin.
En effet, la rencontre inopinée dans une de ces fêtes avec une ancienne connaissance universitaire perdue de vue depuis des années, et notre discussion autour de nos parcours, me donne finalement l’idée d’une solution : reprendre une formation à Paris (celle qu’il a suivie), spécialisée dans le Commerce et la Communication automobile, nettement inférieure à mon niveau d’étude, mais qui a l’avantage de pouvoir m’offrir la possibilité d’une Convention de stage. Ne pas oublier que l’un des principaux reproches qui m’a été formulé, c’est, non sans raison, mon manque d’expérience. En clair, la passion ne suffira pas, surtout dans le marché peu florissant à l’époque des Cadres débutants.
Et c’est ainsi qu’en février 1996, j’entame un stage comme Assistant Chef de Produit chez Audi France à Villers Cotterets. Matériellement, ça pique un peu (je fais les allers retours quotidiens en transports depuis mon domicile de Houilles), mais qu’est-ce que c’est riche et passionnant par ailleurs ! D’abord, c’est une Marque haut de gamme (on ne parlait pas encore de premium) en pleine croissance, avec une gamme riche et de superbes produits, et puis grâce à mon maître de stage, Thierry Perrin, un grand professionnel exigeant, passionné d’automobile (avec qui je suis toujours en contact amical en 2024), j’apprends et je fais plein de choses diversifiées et intéressantes :
- je travaille sur l’argumentaire Réseau du lancement A4 Avant ;

Il y a un peu de moi dans ce document… peut-être ai-je contribué à en faire vendre quelques-unes ? (collection personnelle)
- je roule à peu près tout ce qui existe dans la gamme Audi de l’époque y compris des « licornes » (A8 avec les « petits » 6 cylindres, S8 boite manuelle, Cabriolet 6 cylindres, S6 avec les 2 moteurs 5 cylindres et V8…) ;
- Thierry m’apprend à drifter dans les ronds-points (afin de tester le point de décrochage des autos) ;
- il m’apprend aussi à conduire une boîte auto (« si je vois bouger ta jambe gauche, je te la coupe ! ») ;
- je suis parfois parachuté en représentation dans des événements improbables (cf photo ci-dessous) ;
- et, last but not least, je monte en compétence avec notamment l’apprentissage de JATO, progiciel spécialisé qui permet de faire des comparatifs prix / produit entre modèles concurrents, très utilisé dans la profession et dont la connaissance sera déterminante pour la suite.

Vis ma vie de stagiaire (2ème à partir de la gauche) : c’est aussi se retrouver parachuté en représentation dans des obligations improbables que les « gradés » ne peuvent (ou ne veulent ?) assumer…
Les absents ont vraiment toujours tort car on sent bien que toute la table s’éclate ! (collection personnelle)
Cerise sur le gâteau, je suis intégré à la tournée « VIP A8 », une opération nationale de Marketing relationnel pour aller présenter et faire essayer l’auto à des clients soigneusement sélectionnés, dans des endroits plutôt sympas. Avec Thierry, nous nous partageons la France et je participerai aux événements de Toulouse, Bordeaux (au Château du Haillan, centre d’entraînement des Girondins), Nantes, Rennes et Chambéry. Cette itinérance s’appuie sur 2 (de mémoire) « porte-8 » chargés d’A8 (des « porte-A8 », donc…). Et ces A8, il a fallu les roder, avec un cahier des charges minimaliste : faire au moins 1 000 km sur un week-end (avec défraiement du carburant et des péages). Et là, comme c’est trop tentant, me vient l’idée un peu folle pour moi qui n’ai jamais été un très gros rouleur, du prétexte de rendre une visite surprise à mes parents et mes amis dans le Quercy blanc et à Toulouse !

Demandez le programme !… (collection personnelle)
Allez, c’est parti mon Phiphi, avec une magnifique A8 3.7 Pack, Gris Agate cuir noir flambant neuve. Ça commence fort avec le contournement de Paris par l’A104 un vendredi en fin d’après-midi, ce qui ne m’avance pas franchement. Un peu plus loin, sur l’A10, lors de ma première pause, je me fais aborder par un quadra avec une lueur d’admiration dans les yeux. « Je vous ai vu me dépasser tout à l’heure, elle est vraiment belle ! ». Quelques minutes d’échanges plus tard, « euh… vous travaillez dans quoi ? ». Moi, du tac au tac : « dans l’automobile ! » (ce qui était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux…). Il en est resté coi, la conversation s’arrêtant net et moi reprenant le volant avec un air vaguement entendu et supérieur… Il faut dire que je n’avais alors que… 25 ans, un peu jeune pour ce genre d’auto !
En pleine nuit, il y aura cette glissière de sécurité, au niveau du contournement de Bordeaux, évitée in extremis suite à un début d’assoupissement (unique dans toute ma carrière de conducteur). Moi qui n’ai jamais aimé la conduite nocturne, j’arriverai finalement à destination vers 4h, après avoir prévenu mes parents un peu avant minuit… effet de surprise garanti.
Je garde également le souvenir de la caissière de cette petite station-service de campagne samedi près de Saint-Gaudens, et surtout de son regard incrédule en voyant depuis sa cabine le volume de sans plomb défiler sans fin pour remplir les 80 litres du réservoir…
Je mets aussi un point d’honneur à faire mon premier « high score », que je ne battrai pas avant longtemps (et en Allemagne), avec 225 km/h sur l’A62 déserte près de Castelsarrasin, le dimanche matin… l’auto est tellement filtrée et sécurisante qu’en dehors de la vitesse de défilement du paysage, certes un peu accélérée, il faut regarder le tachymètre pour réaliser.
Mission accomplie à la fin du week-end avec un peu plus de 1 300 km au compteur !
Je garderai de cette expérience avec les A8 un souvenir émerveillé ainsi qu’un goût prononcé pour les limousines de 5 mètres et plus. 25 ans après, je finirai par me mettre en veille pour en trouver une, avec un achat plutôt inattendu à la clé. Mais ceci est une autre histoire, que je vous raconterai plus tard…

La configuration type des quelques A8 4.2 en service à Villers Cotterets en 1996, dont celle de Michel Le Paire (Président du Directoire de VAG France) : Bleu Ming cuir noir avec ces magnifiques et emblématiques jantes 5 branches (source : Audi)
Au bout de 6 mois, mon stage se termine et il n’y a pas de place salariée à suivre. Par contre il y a dans le Groupe VAG France un poste de prévisionniste et analyste marché ouvert au recrutement et sur lequel je pourrais me positionner. Thierry m’encourage et fait le forcing auprès des RH pour que j’aie un entretien. Oui, il aura bien lieu, pendant 30 ou 40 minutes, avec la DRH de l’époque, Catherine H., qui passe l’ensemble de « l’échange » ostensiblement rivée sur l’écran de son PC à -je suppose- lire tous ses mails en retard et y répondre, sans m’écouter un seul instant. Entretien lunaire, et autant dire que c’est plié d’avance. Sans surprise, je n’aurai pas le poste, qui pour l’anecdote reviendra à Patrick F., début pour lui d’une brillante carrière chez de nombreux Constructeurs ! Je me retrouve donc en recherche d’emploi au début de l’été 1996. Heureusement, ça ne durera pas trop longtemps… mais ça ne sera toujours pas simple pour autant.