UNE AUTO, UN MORCEAU : PEUGEOT 505 & ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK

Bien qu’à cette époque le monde rêve son futur, quand Orchestral Manoeuvres in the Dark, grands fans de synthétiseurs,
découvrent le « synthétiseur vocal » de la 505 Turbo Injection, il y a quand même un instant de surprise… (image générée par IA)
 

La Peugeot 505 n’était pas de ces autos qui misent sur l’ostentation pour marquer leur territoire. Son classicisme presque caricatural répondait bien aux attentes de la clientèle Peugeot des années 70/80, qui voulait avant tout une voiture statutaire et rassurante, jusqu’à ce que l’arrivée d’une certaine 205 fasse évoluer d’un coup ce stéréotype. Je vous emmène pour une nouvelle plongée dans ces années 80 dont le début, en automobile comme en musique, se rêvait en synthétiseurs.

Même s’il a toujours été à la traîne sur son rival allemand notamment en termes de motorisations, même s’il était aux deux tiers vieillissant, le haut de gamme français avait finalement plutôt fière allure dans les années 80, quand on compare avec ce qu’il est devenu par la suite. R25, CX et 505 : toutes avaient en commun une large couverture du marché, des versions d’entrée de gamme jusqu’aux déclinaisons les plus huppées, mais chacune arrivait à se différencier dans son positionnement. A Renault la modernité avec son design extérieur comme intérieur ; à Citroën la singularité et le futurisme (même si, comme on le sait, il se démode plus vite) ; et à Peugeot la cible des « notables de province » et plus globalement d’une certaine clientèle conservatrice rassurée par une évolution de l’espèce plus mesurée que chez la concurrence.

Mon premier et seul souvenir de 505 est celui de la documentaliste de mon collège de 6ème/5ème, dans les années 1981 à 83, ou plutôt de sa voiture. Son mari, en plus d’avoir un poste haut placé (?) dans un Ministère, ce qui lui octroyait d’emblée un prestige naturel, avait des goûts automobiles affirmés, qui tendaient plutôt vers le neuf et le haut de gamme. Après avoir roulé en 504 TI Vert amande, il commanda un beau jour de 1980 une magnifique 505 SRD marron (comme celle des photos catalogue) avec option toit ouvrant et son magnifique intérieur tweed coordonné à la carrosserie. Cette voiture fit immédiatement l’admiration, et l’envie, d’une partie de la gent masculine de l’école, dont moi, et, quand j’y repense, ce toit magique qui ouvrait électriquement et spectaculairement sur le ciel n’est peut-être pas étranger à mon goût ultérieur, qui ne s’est jamais démenti, pour cet équipement.

Ce modèle aura connu une longévité presque aussi exceptionnelle que sa lointaine cousine CX. 13 ans, soit quasiment 2 cycles de vie Produit actuels, qui m’auront accompagné de la fin du primaire à la quasi fin de mes études supérieures. Ce qui explique aussi que j’ai une base documentaire fournie, qui retrace une évolution par petites touches successives, les changements de charte éditoriale des catalogues étant souvent les plus visibles !

1979, couverture du dépliant de lancement de 8 pages. Le Vert amande (Jade ? Savane ?) est une des deux couleurs de communication. (collection personnelle)

Extraits du dépliant de lancement, avec l’option toit ouvrant bien mise en avant. (collection personnelle)

Catalogue 1981 qui met en vedette l’autre couleur de lancement, le Brun Terre de Sienne dont je parle dans mon souvenir.
A l’époque, le marron c’était tendance… (collection personnelle)

La gamme proposée au début du millésime 1981, rigoureusement identique à 1979. (collection personnelle)

La belle sellerie tweed caractéristique des fintions haut de gamme des Peugeot dans ces années-là. (collection personnelle)

Au cours du millésime 1981 arrive la première évolution. Comme pour la CX, le turbo apparaît d’abord sur le diesel,
schéma didactique à l’appui. (collection personnelle)

Catalogue 1982 avec en couverture un modèle gavé d’options : boîte auto, cuir, toit ouvrant… mais bizarrement pas de jantes alu ?
Le texte coche toutes les cases lexicales du positionnement d’une Peugeot de ce segment :
« traditionnelement » (avec la faute dans le texte), « classicisme », « sobre », « robustesse », « sagesse »…  (collection personnelle)

1982 voit l’apparition des dérivés Break et Familial, que je ne trouvais pas franchement sexy, mais qui avaient l’intelligence
d’une proposition volumique pour contrer les CX équivalentes puis, dans une moindre mesure, le Renault Espace. (collection personnelle)

Catalogue 1983, qui met en avant l’évolution esthétique marquante de ce début de millésime : une nouvelle calandre « chromée ».
Aujourd’hui encore, j’aime bien le tableau de bord de la Phase 1 ! (collection personnelle)

Le millésime 1983 voit surtout apparaître, entre l’automne et le printemps, la Turbo Injection, réputée pour sa soif inextinguible et pour son
« synthétiseur vocal », première européenne avant même la R11 Electronic et la R25. Le catalogue y consacre un paragraphe presque entier.
(collection personnelle)

Longtemps avant les GPS, la 505 Turbo Injection fut la première voiture capable de bavarder toute seule… Pour le conducteur,
un mélange de fierté liée à la nouveauté et à la modernité, et d’agacement dû à l’intrusivité. (source : dailymotion.com/@lion305)

Le bel intérieur velours bleu série sur la première Turbo Injection. (collection personnelle)

1983 toujours, le catalogue Break et Familial avec un aperçu de l’aménagement intelligent du second. (collection personnelle)

1983 voit aussi arriver les dérivés plus utilitaires Ambulance et VSL. (collection personnelle)

Couvertures des catalogues 1985, avec l’arrivée de la GTI dans la gamme, et surtout 1986 avec la Phase 2 ! Qu’il a dû être frustrant pour
les publicitaire
s de devoir mettre en vedette la face AV, qui ne changeait pas par rapport à la Phase 1… (collection personnelle)

Extérieurement, la Phase 2 faisait dans l’évolution discrète à la Peugeot, avec essentiellement de nouveaux feux AR.
Intérieurement, le changement était plus visible avec une nouvelle planche de bord d’inspiration germanique.
(collection personnelle)

Comme en 1983, la Turbo Injection fait l’objet en 1986 d’un -beau- catalogue tiré à part. (collection personnelle)

Catalogues 1986 encore, notamment de la SX, première série spéciale 505.
Quant au break, la Phase 2 le voit décliné à son tour en version GTI ! (collection personnelle)

Le millésime 1987 voit l’apparition de la V6, tout à fait recommandable dans sa version à manetons décalés. (collection personnelle)

« Par excellence la voiture de l’homme qui n’a pas de temps à perdre »… y compris à faire sa cravate correctement pour un tournage !
Vidéo de formation Produit des versions hautes de la gamme Phase 2. (source : youtube.com/
)

Non, je n’ai pas joué à « Chéri, j’ai rétréci les catalogues ! »
1988 se singularise par la duplication des brochures en format A5 -très- simplifié, jamais revue par la suite.  (collection personnelle)

A l’approche de sa dixième bougie, la carrière de la 505 se doit fort logiquement d’être soutenue.
C’est le rôle des séries spéciales : la SX est reconduite tandis qu’apparaissent les ST et STD Turbo… (collection personnelle)

… et la V6 S qui, contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, est une déclinaison appauvrie de la V6,
tout en introduisant un nouvel aileron. (collection personnelle)

Pour les catalogues 1989, la charte éditoriale met à l’honneur un détail de calandre de la nouvelle 405 comme couverture unique.
Pas très heureux en ce qui concerne la 505 dont l’univers esthétique n’a rien à voir. (collection personnelle)

1990, quasi chant du cygne avec la 505 Ambulance fidèle au poste… combien peut-il en rester aujourd’hui ? (collection personnelle)

Après avoir spontanément pensé à Enola Gay pour accompagner la 505, j’ai hésité. J’ai envisagé au moins deux autres titres représentatifs de ces années-là, que je ne nommerai pas, me les gardant en réserve pour -peut-être- d’autres billets. Finalement, je suis resté sur mon choix initial car ce morceau très électronique pour l’époque va bien avec le futurisme du « synthétiseur vocal » de la 505 Turbo Injection. Il me rappelle aussi cette fin d’année scolaire 1981 et cet été naissant, associés à cette 505 que j’évoque en début d’article… on est raccord !

Un instrumental joyeux sur un sujet grave… résultat : un tube indémodable, tellement évocateur du début des années 80 !
Pour la version longue c’est par ici. (source : youtube.com/@nostalgies
)

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